(Toute ressemblance avec la réalité est exacte, sauf les prénoms de mes clients.)
Thomas est assis en face de moi. Son costume est impeccable, son regard, fatigué.
— "Franchement, je ne devrais même pas être là."
Je lève un sourcil.
— "Ah bon ?"
— "Oui. J'ai tout ce qu'il faut : un job qui paie bien, une maison sympa, une famille en bonne santé. Je suis censé être heureux."
Je l'observe en silence.
— "Mais ?"
Il baisse les yeux, joue nerveusement avec son stylo.
— "Mais… je ne sens rien."
Silence.
— "Rien ?"
— "Je me lève, je bosse, je rentre, je répare… tout roule. Mais à l'intérieur, c'est comme si… c'était vide."
Thomas a toujours été un bon élève .
Il a travaillé dur, gravi les échelons, atteint tous les objectifs fixés.
✔ Son diplôme, validé.
✔ Son premier job, décroché.
✔ Son évolution, obtenue.
✔ Sa vie bien rangée, construite.
— "J'ai toujours su où j'allais. J'avais un plan, et je l'ai suivi à la lettre."
Pause.
— "Et maintenant ?"
— "Maintenant… je ne sais plus quoi cocher."
Je pose mon carnet et le regarde.
— "Si tu ne ressentais pas ce vide, tu n'aurais jamais pris rendez-vous."
Il esquisse un sourire triste.
— "C'est vrai. Mais je ne comprends pas. Je devrais être heureux, non ?"
— "Tu devrais… selon qui ?"
Le reste est silencieux.
— "Si tu devais être heureux, c'est que tu pensais que le bonheur était une fois que tu aurais atteint tout ça. Mais si tu ne le sens pas, c'est peut-être parce que ce que tu vis aujourd'hui… n'est pas vraiment ce que tu veux."
Il se redresse légèrement.
— "C'est ce que je voulais… du moins, ce que je croyais vouloir."
Pause. Un moment suspendu.
— "Et si, au fond, tu avais suivi un plan… mais pas le tien ?"
✔ Il pensait que réussir professionnellement suffirait. Mais il ne savait plus pourquoi il courrait après tout ça.
✔ Il croyait que la stabilité apporterait la sérénité. Mais il avait perdu l'étincelle.
✔ Il n'avait jamais pris le temps de se demander ce qui le nourrissait vraiment.
— "Donc, en gros, j'ai construit quelque chose… mais sans vraiment savoir si c'était ce que je voulais ?"
— "Disons que tu as fait ce qu'il 'fallait' faire. Mais aujourd'hui, tu te rends compte qu'il y a une autre question : qu'est-ce que TOI, tu veux maintenant ?"
Les semaines suivantes, Thomas n'a pas changé de travail, ni vendu sa maison, ni tout plaqué du jour au lendemain .
Mais il a un arrêté d'être en pilote automatique.
Il s'est posé les vraies questions :
???? Qu'est-ce qui me fait vibrer aujourd'hui, et pas seulement ce que je croyais vouloir il ya 10 ans ?
????Comment je peux remettre plus de plaisir et d'élan dans ma vie ?
???? Qu'est-ce que je fais parce que je le veux… et qu'est-ce que je fais par habitude ?
Et peu à peu, l'étincelle est revenue.
Pas à travers un grand bouleversement , mais en rétrouvant du sens dans ce qu'il faisait, en osant explorer ce qui lui faisait envie, en se reconnectant à ce qui l'animait vraiment.
— "Je crois que je viens de comprendre un truc."
— « Dis-moi. »
— "J'ai toujours cherché à faire ce qu'il fallait… mais j'avais oublié de me demander ce que j'aimais vraiment."
Je souris.
— "Bonne nouvelle : il n'est jamais trop tard pour se poser la question."
Moralité de l'épisode ?
Le succès sans sens n'est qu'une case cochée de plus .
Et si vous avez tout pour être heureux… sauf l'envie de vous lever le matin , c'est peut-être le signe qu'il est temps de redéfinir vos propres règles du jeu.
????Le bonheur ne se coche pas, il se vit.
???? Parfois, il ne faut pas tout changer… juste recommencer à choisir.
À suivre…