Brève histoire de coaching – Saison 1, Épisode 2 : "Le syndrome de l'imposteur en costard-cravate"

Ou comment Paul, dirigeant accompli, attendait encore qu'on vienne le valider.

(Toute ressemblance avec la réalité est exacte, sauf le prénom de mes clients.)

Scène d'ouverture : "Un jour, ils vont se rendre compte que je ne suis pas à la hauteur."

Paul arrive à l'heure, poli, affable. Le type sûr de lui.
Costume impeccable, poignée de main ferme.

Il s'assoit, prend une respiration, et lâche :

"Ça fait quinze ans que je suis à la tête de cette boîte… et pourtant, j'attends toujours qu'on me dise que je suis légitime."

J'attends la suite.

"Je veux dire… Objectivement, je réussis. Mon entreprise tourne bien, on grandit, on recrute… Mais à chaque décision, j'ai cette voix dans ma tête qui me dit que je vais finir par me faire démasquer."

Je lève les yeux vers lui.

"Démasquer de quoi ?"

"Que je ne suis pas un vrai dirigeant. Que je ne sais pas ce que je fais."

Flashback : L'homme qui ne se voyait jamais comme "le bon choix"

Paul n'a pas hérité de son entreprise.
Il l'a bâtie à la sueur de son front , en partant de rien.

Il a fait grandir une équipe, porté des projets ambitieux, pris des risques.

Mais chaque victoire, au lieu de renforcer sa confiance, creusait un peu plus son doute.

"À chaque fois que je signe un gros contrat, au lieu de me réjouir, j'ai peur que l'autre s'aperçoive que je ne suis pas aussi bon qu'il le pense."

"Et pourtant, les contrats, tu les signes."

Il me botte la tête.

"Et tes clients restent ?"

"Oui."

"Et ton équipe te suit ?"

"Oui."

Je souris.

"C'est gênant quand même, tous ces gens qui n'ont pas encore compris que tu es une fraude."

Il me regarde, cligne des yeux… et rit, malgré lui.

Le piège du perfectionnisme déguisé

"Donc, si je résume : tu diriges une boîte florissante, mais au fond, tu te dis que tu n'as juste pas encore été 'pris la main dans le sac' ?"

Il secoue la tête, souffle.

"C'est ridicule, hein ?"

"Non. C'est classique."

Il a les sourcils froncés.

"Classique ?"

"Paul, il y a deux types de dirigeants : ceux qui doutent et ceux qui sont dans le déni. Et devine lesquels finissent par s'effondrer ?"

Il esquisse un sourire.

"Ceux qui pensent tout savoir ?"

"Exactement. Le doute, c'est normal. Ce qui ne l'est pas, c'est de le laisser te paralyser."

Le moment pivot : faire la paix avec son propre regard

Je me penche légèrement vers lui.

"À qui attend-tu qu'on te compare pour que tu te sentes enfin légitime ?"

Il réfléchit, hésite.

"Je ne sais pas… Peut-être à ces grands patrons qui ont fait des écoles prestigieuses. Ceux qui ont eu une carrière tracée d'avance."

"Et eux, tu penses qu'ils ne doutent jamais ?"

Silence.

Puis il secoue la tête.

"Si, sûrement. Mais j'ai l'impression qu'ils savent mieux masquer leur jeu."

"Ou peut-être qu'ils ont juste une accepté choisi que tu n'as pas encore compris."

Il relève les yeux.

"Quelle ?"

"Qu'il n'y a pas de comité secret qui distribue les 'vrais' diplômes de dirigeant."

Scène de résolution : Se reconnaître enfin à sa juste valeur

Nous avons travaillé sur trois axes :

Accepter qu'aucun dirigeant ne sait toujours exactement ce qu'il fait.
Remettre en question cette idée qu'il doit prouver en permanence qu'il mérite sa place.
Comprendre que l'excellence ne vient pas d'une absence de doute… mais de la capacité à avancer avec.

Et puis, juste avant de partir, il s'arrête et me regarde :

"C'est bizarre, mais je me sens déjà un peu plus légitime."

Je souris.

"C'est embêtant, du coup… Si on découvre enfin que tu es un imposteur, tu risques de te défendre."

Il éclate de rire.

"J'y penserai. Mais en attendant… j'ai des décisions à prendre."

Moralité de l'épisode ?

Le syndrome de l’imposteur ne disparaît pas avec le succès.
Il s'infiltre dans chaque nouvelle victoire… tant qu'on n'accepte pas d'être à la hauteur.

Personne ne viendra te donner la permission de te sentir légitime.
La ​​seule validation qui compte, c'est celle que tu te donnes.

À suivre…

Brève histoire de coaching – Saison 1, Épisode 2 :