(Toute ressemblance avec la réalité est exacte, sauf le prénom de mes clients.)
Quand Michel est entré dans mon bureau, je n'ai pas eu besoin de poser des questions .
Son regard parlait pour lui. Un mélange d'épuisement, de lassitude et de colère rentrée.
Il s'est assis lourdement, a croisé les bras et a lâché, sans même me saluer :
— "La première personne qui passe et qui me propose un euro pour mon entreprise, je la lui vends."
Il voulait voir comment j'allais réagir.
Je l'ai regardé. Je n'ai rien dit.
Il a haussé les épaules.
— "Ou cinquante centimes, tiens. Ça m'est égal."
Silence.
Il voulait que je le contredise, que je le raisonne, que je l'assure qu'il exagérait.
Mais j'ai simplement demandé :
— "Et si je te disais 'OK, vendu' ?"
Il a plissé les yeux, déstabilisé.
— "Tu serais une bien mauvaise coach."
— "Ou peut-être la seule qui te prend au sérieux."
Michel n'a pas une entreprise en difficulté.
Son business tourne, les chiffres sont bons, il est même reconnu dans son secteur.
Mais lui , il ne tourne plus rond.
— "J'en peux plus. Je suis un pompier. J'éteins des feux du matin au soir. Mon téléphone sonne en permanence, tout repos sur moi. Je bosse sans arrêt et pourtant j'ai l'impression de ne jamais avancer."
Il marque une pause. Je le laisse respirer.
— "Et ça, c'est le rêve que tu avais en créant cette boîte ?"
Il secoue la tête, presque nerveusement.
— "Non. Au début, c'était différent. J'adorais ça. J'avais l'impression de bâtir quelque chose, de créer. Chaque projet me donnait de l'énergie."
— "Et aujourd'hui ?"
Son regard s'assombrit.
— "Aujourd'hui, j'ai l'impression que c'est mon entreprise qui me possède. Plus moi qui la dirige."
Je pose mon stylo, le regarde droit dans les yeux.
— "Tu veux vraiment vendre ?"
Il ouvre la bouche. S'arrête. Réfléchit.
— "Je veux… respirer."
Je hoche la tête.
— "Donc ce n'est pas ton entreprise que tu veux fuir. C'est ce qu'elle est devenue pour toi."
Il a les sourcils froncés.
— « Explique-moi. »
— "Michel, tu as une boîte qui tourne. Ce n'est pas elle qui est en crise. C'est toi. Alors la vraie question, c'est : où es-tu, toi, là-dedans ?"
Il reste silencieux. Un silence chargé.
Puis, plus bas :
— "Je ne sais plus."
— "Dis-moi, ton entreprise fonctionne parce que tu es partout, c'est ça ?"
Il me botte la tête.
— "Et si tu t'absentes une semaine, tout s'effondre ?"
J'hésite.
— "Pas vraiment. Mais ça ne tourne pas comme je veux."
Je souris.
— "Comme TU veux… ou comme ça doit tourner ?"
Il ouvre la bouche pour répondre. S'arrête. Premier vrai déclic.
— "J'ai du mal à faire confiance."
— "Tu veux dire… tu veux tout contrôler ?"
Il passe une main sur son visage.
— "Je veux juste que ça soit bien fait."
— "Tu veux que ça soit bien fait… ou tu veux que ça soit fait exactement comme toi tu l'aurais fait ?"
Il ne répond pas tout de suite. Le genre de silence où tout se joue.
✔ Il pensait que tout reposait sur lui. Mais il n'avait jamais laissé la place à autre chose.
✔ Il croyait qu'il devait être partout. En réalité, il avait peur de lâcher prise.
✔ Il disait qu'il ne pouvait pas déléguer. Ce qu'il voulait dire, c'était : "J'ai peur qu'on fasse sans moi."
— "Tu sais, Michel, il y a une différence entre un entrepreneur et un artisan de son propre esclavage."
Il laisse échapper un rire, amer.
— "Tu es en train de me dire que j'ai créé ma propre prison ?"
— "Je suis en train de te dire que tu peux en sortir. Mais vendre n'est pas nécessairement la seule issue."
Silence. Puis un soufflé plus profond.
— "Et comment je fais ça ?"
Nous avons travaillé sur une question simple :
???? Quel type de chef d'entreprise veux-tu être ?
Parce qu'il y a un choix à faire.
Peut être :
✔ Le pompier, celui qui gère tout, qui court dans tous les sens et qui s'épuise.
✔ Le bâtisseur, celui qui structure pour que ça fonctionne sans lui.
— "J'ai toujours cru que déléguer, c'était risqué."
— "Et si ne pas déléguer, c'était encore plus risqué ?"
Un silence. Un vrai, long, lourd de sens.
Puis il souffle, comme si un poids venait de glisser de ses épaules.
— "Finalement, peut-être que mon entreprise vaut un peu plus qu'un euro."
Quand on veut tout plaquer , ce n'est pas toujours l'entreprise qu'on veut fuir.
C'est notre manière de vivre.
???? Parfois, il ne faut pas vendre.
???? Il faut juste arrêter d'être pompier… et redevenir bâtisseur.
À suivre…
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